Sophie BERTHELIER
Sophie Berthelier est architecte. L'histoire commence en 1992 sous l'acronyme BFT puis se prolonge en 2008 par SBBT. Elle dirige et développe son agence avec Benoît Tribouillet, son ami et confrère. Curieuse dès l'école, Sophie Berthelier préfère fréquenter les salons de l'aéronautique plutôt que de s'appesantir sur la physique des matériaux. Son instinct lui apprend à repérer très tôt des complexes alors peu usités, nids d'abeille, polymères divers et autres textiles qui la titillent. Un diplôme consacré à l'art et à la technologie aux heures balbutiantes de l'informatique dans la communauté architecturale lui confère un pouvoir insoupçonné. Auprès de Jean Nouvel, la magie opère, lui permettant de développer des projets d'ampleur dans lesquels son intuition de la matière se révèle. Jeu de reflets, mystères. Déjà surgit la volonté de faire disparaître la technique choquante et le souci constant de faire plaisir, de donner un peu plus à rêver et à vivre à qui que ce soit, utilisateur, visiteur, habitant, professeur ou étudiant' Le cinéma nourrit l'approche. Fassbinder, Wenders, les grands de l'époque inspirent ce travail basé sur les sensations, la séduction du plan/images et du cadrage. Comment ignorer l'art contemporain ' Avec la même faculté de découverte, Sophie se fera collectionneuse. Les Donald Judd, Soto ou Joseph Beuys lui auront sans doute échappé mais l'esprit, la puissance de mise en espace ou en signes se retrouvent de manière naturelle et mûrie dans les réalisations qui suivront. À ses yeux, le regard prime toujours, soutenu par l'invention. Une histoire parallèle se joue qui met en exergue l'usage et l'appropriation, dépassant largement la loi sacro-sainte du sol/mur/plafond. Un engagement récompensé en juin 2012 par le prix Dejean pour les techniques de pointe adaptées à l'architecture délivré par l'Académie d'architecture. Une recherche en entraîne une autre. Petit à petit, un fonds se met en place pour intervenir au moment souhaité, avec l'appui ou la résistance parfois des industriels et des maîtres d'ouvrage.
Un autre débat. Aller à la pêche de matières à rêver, concevoir une poutre hyper-affinée, intégrer la contrainte environnementale en situation' D'un univers inventif, paradoxalement intemporel, à la production, le pas est franchi pour produire d'autres univers particuliers, chacun racontant sa propre histoire dans un contexte précis. Ses copeaux de bronze récupérés et plongés dans de la résine viennent protéger du soleil ses bâtiments ; ses tôles extrudées en aluminium anodisé coulissent pour fermer de grandes terrasses extérieures ; ses tôles de cuivre froissées et passées au chalumeau habillent une boutique de chocolats. Une poésie se dégage de ces ambiances allant au-delà des usages. L''uvre développée ne se résume pas à la construction de bâtiments mais se développe sur des collections de tissus ou encore sur le design de mobilier. Aujourd'hui l'agence a remporté un macrolot à Bordeaux Euratlantique pour la société Clairsienne et elle coordonne l'ensemble du projet, chef de file de 21 000 m² de bureaux, de logements et d'un équipement public. C'est l'occasion de développer des nouvelles façons de vivre, de travailler et d'habiter. C'est une nouvelle étape de conception évolutive dans un monde où le potentiel de chacun se réduit et où l'architecte doit aussi faire preuve d'inventivité pour permettre à tous d'habiter et de vivre mieux.
(Extrait de texte de Florence Accorsi) |
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