Sophie BERTHELIER
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- Adresse : 29 rue Hippolyte Maindron 75014 Paris
Sophie Berthelier est architecte. L'histoire commence en 1992 sous l'acronyme BFT puis se prolonge en 2008 par SBBT. Elle dirige et développe son agence avec Benoît Tribouillet, son ami et confrère. Curieuse dès l'école, Sophie Berthelier préfère fréquenter les salons de l'aéronautique plutôt que de s'appesantir sur la physique des matériaux. Son instinct lui apprend à repérer très tôt des complexes alors peu usités, nids d'abeille, polymères divers et autres textiles qui la titillent. Un diplôme consacré à l'art et à la technologie aux heures balbutiantes de l'informatique dans la communauté architecturale lui confère un pouvoir insoupçonné. Auprès de Jean Nouvel, la magie opère, lui permettant de développer des projets d'ampleur dans lesquels son intuition de la matière se révèle. Jeu de reflets, mystères. Déjà surgit la volonté de faire disparaître la technique choquante et le souci constant de faire plaisir, de donner un peu plus à rêver et à vivre à qui que ce soit, utilisateur, visiteur, habitant, professeur ou étudiant' Le cinéma nourrit l'approche. Fassbinder, Wenders, les grands de l'époque inspirent ce travail basé sur les sensations, la séduction du plan/images et du cadrage. Comment ignorer l'art contemporain ' Avec la même faculté de découverte, Sophie se fera collectionneuse. Les Donald Judd, Soto ou Joseph Beuys lui auront sans doute échappé mais l'esprit, la puissance de mise en espace ou en signes se retrouvent de manière naturelle et mûrie dans les réalisations qui suivront. À ses yeux, le regard prime toujours, soutenu par l'invention. Une histoire parallèle se joue qui met en exergue l'usage et l'appropriation, dépassant largement la loi sacro-sainte du sol/mur/plafond. Un engagement récompensé en juin 2012 par le prix Dejean pour les techniques de pointe adaptées à l'architecture délivré par l'Académie d'architecture. Une recherche en entraîne une autre. Petit à petit, un fonds se met en place pour intervenir au moment souhaité, avec l'appui ou la résistance parfois des industriels et des maîtres d'ouvrage.
Un autre débat. Aller à la pêche de matières à rêver, concevoir une poutre hyper-affinée, intégrer la contrainte environnementale en situation' D'un univers inventif, paradoxalement intemporel, à la production, le pas est franchi pour produire d'autres univers particuliers, chacun racontant sa propre histoire dans un contexte précis. Ses copeaux de bronze récupérés et plongés dans de la résine viennent protéger du soleil ses bâtiments ; ses tôles extrudées en aluminium anodisé coulissent pour fermer de grandes terrasses extérieures ; ses tôles de cuivre froissées et passées au chalumeau habillent une boutique de chocolats. Une poésie se dégage de ces ambiances allant au-delà des usages. L''uvre développée ne se résume pas à la construction de bâtiments mais se développe sur des collections de tissus ou encore sur le design de mobilier. Aujourd'hui l'agence a remporté un macrolot à Bordeaux Euratlantique pour la société Clairsienne et elle coordonne l'ensemble du projet, chef de file de 21 000 m² de bureaux, de logements et d'un équipement public. C'est l'occasion de développer des nouvelles façons de vivre, de travailler et d'habiter. C'est une nouvelle étape de conception évolutive dans un monde où le potentiel de chacun se réduit et où l'architecte doit aussi faire preuve d'inventivité pour permettre à tous d'habiter et de vivre mieux.
(Extrait de texte de Florence Accorsi)
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Lycée Rémi Belleau
MEMOIRE BINAIRE
S'insérer dans un univers déjà chargé de sens est un exercice assez étonnant. Faire vivre un lieu à coté d'un autre, révéler le deuxième en conservant l'âme du premier est excitant. Cette démarche ne peut exister sans prendre les éléments du site à bras le corps. L'extension du Lycée Rémi Belleau se situe dans un environnement de grande qualité tant sur le plan paysager que patrimonial. Le Lycée Rémi BELLEAU construit par l'architecte Georges Levert dans les années 1960 est un ensemble fortement marqué par les principes et le style de l'architecture Le Corbusier. L'univers de pleins et de vides, de zones opaques et transparentes est un vocabulaire déjà chargé de sens et crée un objet unique, une partition musicale. Recréer un bâtiment similaire serait à priori cohérent intellectuellement mais le registre en serait évidemment formaliste. Il s'agit donc de trouver la juste adéquation entre la force tranquille du bâtiment et retrouver des cadrages sur le panorama qui encadre le terrain. Le rythme des bâtiments et surtout la perception des ouvertures ne peuvent être déconnectés d'une référence esthétique Mondrian, Klee, Lissitzky mais aussi de façon plus récente à Soto. Ponctuations d'ombres et de lumières, l'externat et l'internat jouent en trame et en valeur sur des géométries différentes. Ces références et registres esthétiques nous incitent à en jouer et à reprendre cette équation de manière contemporaine, en référence aux tendances minimalistes, Donald Judd, Carl André et Dan Flavin, succession de vide et de "pleins" perforés, exprimant à l'extérieur la fonction intérieure des salles de cours. Le bâtiment prend sa propre logique mais joue et répond à l'externat et l'internat, par la composition globale. La progression visuelle doit s'exprimer pour devenir évanescente dans sa texture, côté Sud. C'est l'élément de liaison entre le paysage et l'externat. La tension entre les deux bâtiments doit s'exprimer par le volume puisque nous décidons d'ouvrir largement la vue sur le château. Le rapport hauteur/espace permet de sentir cette tension tout en respectant les vues. L'externat est d'une volumétrie simple, l'option que nous prenons continue cette logique. Le gabarit défini se creuse pour prendre en compte l'environnement par endroit pour cadrer des vues, ouvrir des espaces, faire lire des compositions de façades, à la manière des sculptures de Lipchitz qui multipliait les volumes négatifs en creux et pratiquait des ajours. La trame est rigoureuse, les salles sont orientées Est Ouest. Les circulations sont éclairées naturellement sur un espace ouvert traversé au dernier niveau par des salles de classes. Les vues et les transparences participent à une bonne visibilité des lieux d'enseignement. Les salles de classe sont entièrement vitrées sur le paysage, protégées du soleil par les caissons perforés et cadrés ponctuellement par du plexiglass bleu. Ponctuations colorées sur une partition. Suite logique d'une réflexion esthétique. Recherche de vibrations, de transparence, de plans successifs. Vision, décalage, paradoxe entre l'enveloppe, le gabarit et la texture légère et transparente. Maîtrise d'ouvrage : Conseil Régional du Centre SHON 1300m² Coût 2,60 M' HT Programme : extension du lycée, salles d'enseignement informatique, salles banalisées Réalisation septembre 1995
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