Un instrument vivant
Dans le cadre d'un concours lancé par l'association "Génération Bataclan", visant à ériger une oeuvre mémorielle dédiée aux victimes du 13 Novembre, le projet fait partie des 10 oeuvres sélectionnées, toujours en lisse pour la première place.
En association avec Diane Berg, architecte illustratrice.
Après ces terribles évènements de Novembre, outre une profonde tristesse d’avoir perdu une partie des nôtres, notre envie d’échanger, de s’amuser, de crier, de rire, de jouir de notre liberté de penser, de jouir de l’art, de la musique, en somme, notre envie de vivre, a pris le pas sur la terreur. La vie avec tout ce qu’elle représente, c’est notre revanche à nous.
Pour traduire ce sentiment, nous n’avons pas souhaité créer une plaque ou une statue de plus, vissée là simplement pour dicter les noms des victimes. Nous avons voulu inventer un lieu de mémoire qui soit aussi un lieu commémorant la vie, « la musique » et la liberté, principes également chers aux victimes.
Nous avons donc réalisé une œuvre en mouvement et en musique, une œuvre lumineuse, un véritable instrument vivant.
Pour ce faire, nous avons implantés 130 tubes fins d’acier galvanisé, à des hauteurs variables, coiffés de prismes translucides, facilement repérables le jour par leur teinte et scintillant la nuit au moyen de lampes solaires. Ces 130 prismes, perchés entre 2M50 et 5 mètres de hauteur, sont implantés judicieusement afin de cheminer aisément et de traverser l’ilot en long et en large.
Ils se mettent en mouvement sous le pas impulsé des passants, par le biais d’un système mécanique enfoui sous le sol, au rythme d’un son doux et contemporain à la fois. Le sol, minéral, gravé sur toute sa surface d’une chanson évoquant la vie et la liberté, est également parsemé de marqueurs ponctuels. Lorsque ceux-ci sont foulés par le pas d’un visiteur, l’instrument, faisant face au Bataclan, prend toute son ampleur, se réveille et entame son ode à la vie, à l’espoir, à la liberté. L’interaction du visiteur qui par son passage déclenche le réveil de « l’instrument » nous a également paru important dans le processus.
La contemplation de ce moment de vie invite autant à la mémoire qu’à la réflexion sur ce que peuvent signifier la vie et la liberté.