Campus des métiers de la modernité
A Brest, la ville est là, pour bientôt, elle arrive, on la pressent. Le tram irrigue déjà le site et les grues se dressent aux alentours. On peut imaginer dans le bocage une nouvelle polarité et non une flaque urbanalisée supplémentaire avec le GPS pour unique viatique de voyageurs perdus.
Les vues sont impressionnantes. Au loin, la lumière de la rade se devine. A Brest, elle règle toutes les orientations, et bien entendu celle du campus. La rade, le Strang Alar s'y jette en contrebas de la gare. Toujours présente à tous les horizons, la rade est la rumeur fondamentale où se résolvent et s'unifient tous les mouvements de la ville. Les haubans du pont de Plougastel émergent au milieu des haies dans la lumière marine. Brest est une ville de terrasses superposées. On la croit détruite, alors qu'elle est pétrie d'histoires. Elle repose sur sa propre histoire de ville détruite. Sur le roc de ses anciens immeubles aplatis, la ville s'étage en longues terrasses horizontales et chacune raconte une histoire.
Gaëlle Péneau vient de s'inscrire sur l'une d'entre elles, à Guipavas, un coup après les tours du quartier de l'Europe. Elle a profité là-bas du dénivelé de 18 mètres qui parcourt le terrain le long d'une diagonale nord-est / sud-ouest pour agencer ses superpositions et ses décalages. En témoignent les surplombs des puissants rectangles appuyés sur leurs échasses tout le long du ruisseau sur la partie ouest. Quinze mètres sous le plancher de l'internat, et le sentiment soudain d'être tout petit. Les internes bénéficient des plus belles vues de tout le campus. Justice : ce sont eux qui probablement passent le plus de temps sur le site. En contrepoint, la terrasse qui longe au niveau intermédiaire la cantine généreusement éclairée par ses baies toute-hauteur offre la justesse d'une échelle domestique et hédoniste. Avec près de 10m2 par apprenant, les élèves se sentent valorisés. On le serait à moins.