
Pascale BIROTTEAU
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- Adresse : 1 impasse de la Pinière de la Gavotte 13170 LES PENNES MIRABEAU
Destinée à des études d'ingénierie, après avoir obtenu un baccalauréat mathématiques et techniques (Bac E) et refusant d'aller en prépa, j'ai intégré l'école d'architecture de Marseille Luminy en 1988, comme une évidence. J'en suis sortie diplômée en juin 93 et me suis spécialisée sur 1 année de Master en école de commerce en montage d'opérations et rénovations urbaines publiques(MARU).
Les études d'architecture ont été une véritable aubaine après des années très techniques, les sciences humaines ont été une réelle découverte et un réel plaisir.
Lors de ma dernière année à l'école d'architecture j'ai travaillé sur la résorption de bidonville à Dakar et l'émergence des coopératives d'habitat, puis dans le cadre de mon année d'étude de spécialisation à l'école de commerce j'ai travaillé comme stagiaire pour un office HLM sur l'habitat des personnes défavorisées dans le département des bouches du Rhône. J'ai découvert la précarité et différentes formes d'habitat dédiées notamment aux tziganes, ce qui m'a conduit au sortir de mes études à travailler à l'AREAT (Association Régionale d'Études et d'Actions auprès des Tsiganes), la loi Besson venait d'instituer l'obligation des aires d'accueil dans les communes, les offices HLM cherchaient des solutions pour gérer des modes d'habiter spécifiques en refusant la stigmatisation des familles comme des lieux.
En 1997, je me lance et créé la société A4 architecture sous forme de SELU, nous sommes alors 4, je suis la seule diplômée les 3 autres préparent leur diplôme. 2 ans plus tard deux binômes se forment en réponse aux difficultés économiques ayant accès en 1999 à un projet de promotion de 215 logements nous transformons la société en SELARL puisque je suis enceinte de mon troisième enfant et que si il m'arrive quelque chose, les collaborateurs se retrouvent sans rien. Cette opération se finit mal 49 000'ht d'impayé, 8 ans de procédure avant que la cassation me permette de rembourser les dettes, une période difficile mais qui m'a forgée au métier.
En 2010, je parviens à transformer la SELARL en SCOP d'architecture, 1 des associés de première heure devenu enseignant décide de porter le titre en étant enseignant à l'école de Luminy. Les projets de l'agence débutent par des agrandissements de séjour vers des garages dans des villas, puis se poursuivent en villas complètes, en rénovations de logements et notamment de copropriétés en plan de sauvegarde où mes qualités de management et de pédagogie permettent d''uvrer. Aujourd'hui je refuse de ne plus faire de la maison individuelle car je reste convaincue de notre dimension d'utilité publique et nous parvenons à travailler sur des projets de rénovation et réhabilitation lourdes en site occupé en tertiaire comme en logements. Mes projets vont de 20000'ht à 3 500 000'ht de travaux, un grand écart perpétuel qui me permet une remise en cause permanente.
En 2001, je me forme en ingénierie de la qualité environnementale en faisant la première formation longue de Paris la Villette délocalisée à Lyon, je découvre le développement durable appliqué aux bâtiments et à l'aménagement en venant de l'insertion. Je m'investis dans l'émergence d'ENVIROBAT Méditerranée en intégrant le premier bureau, puis à l'émergence du PRIDES Bâtiments Durables Méditerranéens créé en 2008, dont je suis actuellement Vice Présidente.
Parallèlement, je m'investis dans la profession en devenant conseillère régionale en PACA en 2008, je finis mon mandat à la fin du mois.
Mes projets vont de 20 000'ht à 3 500 000'ht, je refuse toujours de ne plus répondre aux particuliers, convaincue de l'utilité publique de notre métier ; l'atelier fait donc perpétuellement le grand écart entre des projets pour les particuliers en MI et des projets de réhabilitation lourde en tertiaire ou en logements, leur point commun travailler en site occupé !
Je suis mère de 3 enfants (19ans, 15ans et 13ans) et issue d'un milieu totalement étranger au bâtiment, mon parcours démontre que ce métier doit avant tout être une passion, et que le genre n'y a que peu de raison, un chantier pouvant tout aussi bien être conduit en jupe qu'en pantalon, sachant que pour les talons haut, ça reste une autre affaire !
Au bout de 16 ans d'exercice, je sais que je suis à ma juste place quand je fais ce métier et qu'il me nourrit pleinement. Je ne considère pas ce métier comme un sacerdoce, mais j'admets plutôt aujourd'hui que je suis "addict" au raisonnement itératif qui nourrit l'architecture avec un petit a comme avec un grand A.
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Réhabilitation tertiaire 1600 m²
La commande initiale était la rénovation complète des 3 niveaux partiels de bureaux pour l'accueil de nouveaux services d'agents EDF.
Lors de la visite des lieux, j'ai indiqué que l'état des existants ne nécessitait pas un investissement à hauteur de plus de 700 000 ' ht sans une réflexion préalable globale portant sur les performances énergétiques du bâtiment. Il me semblait aberrant d'investir une telle somme d'argent en décoration d'une « passoire énergétique ».
La maîtrise d'ouvrage m'a fait confiance et une étude de faisabilité a permis de lancer une réhabilitation globale avec un budget de 1 500 000 ' ht : seuls les planchers et la structure porteuse ont été conservés, les façades ont été déshabillées et recomposées en s'appuyant sur les éléments architecturaux initiaux constitués de panneaux de façade habillés de pierre. J'ai recomposé la façade en diminuant les surfaces vitrées pour limiter les surchauffes estivales tout en garantissant l'éclairage naturel des espaces, une façade légère en ossature bois est venue complétée les pans de murs maçonnés conservés, le renforcement de l'isolation existante s'est fait par l'intérieur et par l'extérieur pour conserver le bénéfice de l'inertie des planchers.
Pour permettre à la maîtrise d'ouvrage d'orienter sa décision, nous avons faits à l'atelier des simulations thermiques dynamiques qui ont permis de hiérarchiser les postes travaux en fonction de leur impact énergétique.
Les éléments amiantés des existants ont été supprimés, une revalorisation de l'aluminium et du verre des châssis existants a été engagée avec tri et purge sur place des joints amiantés et ce, pour limiter les quantités des matières mises en décharge.
Les difficultés rencontrées sur ce projet ont résidé dans les échanges trop tardifs avec :
' le bureau de contrôle qui à vouloir interpréter la réglementation a entraîné un surcoût de 8% du budget prévisionnel ' le bureau d'études fluides retenu par la Maîtrise d'ouvrage qui n'a pas voulu rationaliser le dimensionnement de ses systèmes pour parvenir à optimiser le coût des installations et en simplifier l'usage et les interventions ultérieures d'entretien ' maintenance.
La réussite faire évoluer la commande vers une logique patrimoniale en coût global.
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