Etude d'un procédé constructif reproductible dans le contexte de Mayotte
En 2018, l’Établissement Public Foncier et d’Aménagement de Mayotte confiait à Sylvia FREY et l’agence HARAPPA l’étude d’un procédé constructif reproductible en grand nombre dans le contexte de Mayotte sur le site de Doujani. Cette étude devait proposer des solutions pour résorber les 25 000 logements insalubres répartis sur le territoire mahorais.
L’objectif de ce projet a été de produire une structure minimale qui mette ses habitants à l’abris des cyclones et des séismes. Le projet est composé de 2 modules de base indépendants l’un de l’autre : un module comprenant les pièces à vivre et un module pour les équipements sanitaires. Les deux modules s’assemblent de différentes façons, pour s’adapter aux contraintes de pentes, de dimension de parcelles et aux expositions solaires et climatiques.
Sur cette base le projet a poursuivi sa réflexion constructive et a étudié les possibilités d’une industrialisation des ossatures.
Il s’agit de tenir simultanément l’enjeu quantitatif et l’enjeu économique, l’enjeu écologique et l’enjeu qualitatif dans le souci du plus grand développement local.
En 2019, l’EPFAM finançait une double expérimentation en vraie grandeur, une ossature métallique réalisée localement et une ossature identique réalisée au travers d’un processus industriel.
Ces deux prototypes nous ont donné la conviction que le processus de production industrialisé présentait de très nombreux avantages : en premier le coût de production, en second la rapidité de montage.
Puis des avantages induits : légèreté, résistance, souplesse, reproductibilité.
La rigueur structurelle assure à elle seule la résistance aux contraintes sismiques et cycloniques, ce qui donne une grande liberté au remplissage des façades.
Le prototype préfabriqué localement prévoyait un remplissage de façade en maçonnerie de BTC au RDC et bardage bois à l’étage. Le modèle industrialisé a mis en œuvre une maçonnerie alternant parpaings et BTC en RDC et panneaux de bambou à l’étage.
Témoignage de Marie Christine Roger, Chargée de mission outre-mer auprès du DHUP
DGALN/DHUP
"Pour la DHUP, consciente de l'urgence de disposer à Mayotte de logements abordables, qui permettent aux populations les plus précaires de sortir des bidonvilles, la case développée par Sylvia Frey de l'atelier Harappa représente une avancée majeure.
La case métallique présentée par Sylvia Frey, est un projet qui résulte d'une véritable recherche, autour d'une réponse innovante, architecturale et urbaine adaptée aux populations de Mayotte.
Du prototype à l'opérationnel, le projet présenté a fait la preuve à mon sens qu'il était possible de concilier logement à coût abordable, sobriété et qualité architecturale.
Sylvia Frey aura mis à profit sa fine connaissance du territoire et son expérience acquise sur des projets de logements sociaux, dans l'hexagone et dans les territoires ultra-marins, et a fait le choix de s'installer, ce qui a coïncidé avec le début du travail sur ce prototype.
Enfin, et cela mérite d'être souligné, cette case, qui est modulaire et modulable, s'inscrit dans l'écriture architecturale mahoraise, tient compte des modes de vie locaux et contribue à la construction d'une ville mahoraise qui aura sa propre identité, très différente de la ville tropicale coloniale.
Merci à Sylvia Frey d'avoir ouvert la voie."