Centre Culturel Alpex à Scionzier (fr)
Le projet consiste en la réhabilitation et l'agrandissement d’une ancienne usine de décolletage en un centre culturel municipal. En collaboration avec le muséographe MAW, Atelier Archiplein a soulevé l’ensemble des problématiques patrimoniales inhérentes à la transformation majeure d’un bâtiment existant désigné patrimoine local.
Palette colorimétrique originale révélée
À l’origine, seule la façade côté rivière, était visible et appréciée de la communauté locale. Un diagnostic patrimonial détaillé a révélé la palette colorimétrique originale : un camaïeu de vert, rouge et jaune. Les architectes ont donc utilisé cette palette colorimétrique sur l’ensemble des façades existantes conservées.
Une colonnade en pierre massive de Hauteville
Ce nouveau centre culturel s’inscrit dans une démarche plus vaste de rénovation au cœur de la ville de Scionzier. Un grand espace libre entre l’édifice et la Mairie s'ouvre ainsi sur la façade pignon, devenant, malgré elle, la façade principale. Désormais, elle clôt la nouvelle place du centre-ville. C’est pourquoi un généreux porche d’entrée composé d’une colonnade en pierre massive de Hauteville recompose la façade pour désigner la nouvelle entrée et indiquer la nouvelle fonction publique de l’édifice.
Utilisations de matériaux naturels et locaux
La pierre de Hauteville, extraite à moins de 100 km, marque un engagement dans l’utilisation des matériaux naturels et locaux. Cette intervention fait partie d’une série de projets en pierre massive dans lesquels l’agence Atelier Archiplein est investie depuis plusieurs années dans la région.
Une grande flexibilité d’usages et un apport constant de lumière
À l’intérieur, les espaces de services noirs engagent le regard dans les deux salles d’exposition principales. Les baies en arc surbaissé laissent largement entrer la lumière et offrent une grande flexibilité d’usages des espaces. L'agrandissement, nécessaire aux exigences du programme, se glisse le long du bâtiment. D’une expression très calme, seul l’unique shed est perceptible de la place, celui-ci permettant l’apport constant de lumière dans la salle d’exposition temporaire.
Pour info, nous livrons, fin 2021, le réaménagement de la place du centre ville, reliant le centre culturel et la Mairie.
Fiche technique
Client : Commune de Scionzier
Type : rénovation - agrandissement
MOE : MAW scénographie, Arnaud Economiste, Plantier Structure, Berger CVSE
Photos : Aurélien Poulat
Localisation : Scionzier, Haute-Savoie, France
Surface : 900 m2
Date : 2017 - 2021
Texte d'accompagnement pour le sélection des "10 oeuvres", du CAUE 74, par Grégory Domenach
SCIONZIER
Centre culturel
Marlène Leroux & Francis Jacquier /
Atelier Archiplein
Culture du patrimoine industriel
C’est la belle histoire d’un bâtiment industriel datant de 1913, tombé en désuétude, auquel la commune de Scionzier entendait donner une seconde vie... Située en plein cœur de ville, l’ancienne usine Alpex, autrefois spécialisée dans le décolletage, a bénéficié d’un projet de réhabilitation et d’extension afin de devenir un centre culturel. Cette nouvelle infrastructure s’inscrit dans une démarche d’urbanisme plus vaste, qui vise à la modernisation du centre-ville. Les architectes Marlène Leroux et Francis Jacquier, de l’agence internationale Atelier Archiplein, en collaboration avec le muséographe MAW , ont été mandatées par la commune pour répondre à cette problématique architecturale — complexe —, sur une surface de 900m2, au sein d’un bâtiment désigné patrimoine local. Suivez le guide !
Façades spectacles
La réhabilitation de l’usine Alpex incarne un des volets architecturaux du projet d’aménagement de Scionzier, qui a pour objectif la transformation du cœur de ville. « Une vaste place s’ouvrira bientôt entre le centre culturel et la mairie, précise Marlène Leroux, architecte au sein de l’atelier archiplein . Cela va donner à la façade pignon de l’ancienne usine un rôle prépondérant dans la nouvelle esthétique urbaine. » Dans cette optique, un premier chapitre a été consacré à l’assainissement des façades du bâtiment : les hangars industriels et les entrepôts accotés aux murs, enlaidissant le site, furent ôtés. Suite à un diagnostic patrimonial poussé, les façades ont retrouvé leur charme d’antan, grâce à une valorisation de la palette colorimétrique, qui a permis de redonner son aspect original et historique au bâtiment. Les briques ont été repeintes dans un camaïeu de vert, de rouge et de jaune, les pierres angulaires s’exhibent fièrement, les encadrements de baies vitrées arborent un élégant bleu turquoise tandis que la rénovation des avants-toitures, en bois massif, ajoute une touche de légèreté. Mais c’est surtout la nouvelle entrée, signalée par une colonnade en pierre de Hauteville, qui donne une identité et un cachet certain à la structure : clin d’œil aux édifices de l’antiquité grecque — brève ambiance de Parthénon — la pierre lisse et claire réveille la curiosité du passant. Elle l’invite de façon solennelle à pénétrer dans le centre culturel. « La toiture de la colonnade se fend aussi d’une gouttière discrète, ajoute Marlène Leroux. Les jours de pluie, cette gouttière déverse l’eau à la façon d’une cascade vers le Foron. » Sur l’autre partie de la colonnade, les vitres ont été couvertes d’un film qui permet de refléter les bâtiments du centre-ville de Scionzier dans un effet cinétique plutôt réussi. Mais entrons à présent dans les lieux...
Nouveaux lieux, nouvelle lumière
Une fois dans le bâtiment, les visiteurs progressent à travers un vestibule qui se traduit par un corridor vitré, aux parois sombres, donnant aux lieux une atmosphère théâtrale. Cet espace débouche sur un atrium qui a pour vocation d’incarner une « zone tampon » entre l’accueil du public, le cœur du centre culturel, avec ses différentes salles d’exposition, ainsi que les espaces de circulation menant aux toilettes et aux vestiaires. Une percée rectangulaire, dans le mur à l’étage, allège visuellement les lieux et, une fois de plus, appelle le regard pour questionner les vides et les pleins des espaces intérieurs. Ceux-ci baignent dans la lumière qu’offrent les baies en arc, tandis que la première salle d’exposition jouit de la clarté du jour, grâce à un shed prévu dans l’extension du bâtiment. Ce shed, d’une expression calme, se dégage de la toiture pour apporter une lumière zénithale, et œuvre ainsi au calme et à la sérénité des lieux. La succession de portiques carrés signale les entrées de salles d’exposition, tout en conservant l’identité architecturale des lieux. Par ailleurs, un grand soin a été apporté à l’acoustique, pour répondre aux exigences muséographiques, grâce à un plafond constitué d’éléments de feutre au sein desquels ont été intégrés les luminaires. À l’étage, les poutres traversantes, d’époque, ont été conservées pour des raisons patrimoniales, néanmoins aidées par des tirants dont la couleur turquoise fait écho aux encadrements de fenêtres. La ventilation se compose en une multiplicité de bouches d’aération, subtilement implantées dans les plafonds. La gestion des volumes intérieurs est cruciale dans un projet comme celui-ci, d’où l’intervention de l’agence de muséographie MAW. Le choix a été acté de libérer intégralement l’espace d’exposition à l’étage, ce qui laisse présager d’évènements et de déambulations conviviales.
Extension et transmission
Le programme comprenait une extension qui se glisse donc le long du bâtiment et vient former un angle. Mais il y a aussi son rapport direct avec le paysage. Vu de dehors, la blancheur du nouveau frontispice s’accorde avec la roche calcaire des falaises, en arrière-plan, et contraste avec le sombre des forêts. Visuellement, l’impression est à la fois très douce et d’un caractère affirmé, où l’horizontale de l’extension crée une rupture avec le langage vernaculaire de la toiture, à deux pans, comme une flèche dressée vers les montagnes. Contraste saisissant pour une réhabilitation qui crée un lien entre le passé et le présent, l’industrie et la culture. Comme si l’architecture était avant tout une affaire de transmission...