Prehistory Museum / Jeongok / Corée du Sud
Au bord du fleuve, dans un paysage de méandres, un pont tendu entre deux collines,
un seuil, … Un pont jeté au-dessus du précipice…
Nous avons voulu rendre hommage à ce paysage des bords de l’eau qui a vu naître les premiers habitants
de la Corée, et reconnaître la beauté de la courbe des deux collines , écho des méandres du fleuve.
Comment mettre en valeur cette forme préexistante et sa faille géologique souterraine :
• en creusant la faille, pour laisser parler l’histoire de la Terre ;
• en allégeant l’emprise visuelle du projet, pour laisser s’exprimer la faille ;
• pour cela, enchâsser le bâtiment à l’intérieur de la colline qui est creusée et construire les réserves
en sous-sol ;
• en dévoilant le gouffre (le ciel aussi, depuis les bords du gouffre), par une inflexion centrale du
bâtiment : le lien entre la terre et le ciel est mis en scène ;
• en l’habillant d’une « peau changeante », réfléchissante le précipice par en dessous.
Ainsi disposé, le projet apparaît comme un pont tendu entre deux collines, visible de très loin depuis
l’autoroute. Le seuil naturel que représente la faille, et l’émotion qui en résulte, sera utilisé pour réaliser
un seuil symbolique d’accès à « l’époque préhistorique », qui sera aussi l’accès au « Parc Préhistorique ».
Puis on crée des chemins, des parcours multiples dans les courbes du projet et des collines car les
chemins, créés par les animaux qui descendaient boire au fleuve appartenaient déjà au paysage des «
premiers hommes ».
« Un vaisseau du temps » de forme abstraite et intemporelle
Il s’agit de voyager dans le temps !
Nous avons souhaité que le public vive ici une expérience, la rencontre avec « les premiers hommes », et
soit accueilli dans un univers différent du vécu quotidien, plus proche du paysage que du bâtiment.
Les hommes du paléolithique ne vivaient pas comme nous au milieu d’espaces construits standardisés.
Ils évoluaient dans des paysages, des forêts, des plaines alluviales, des deltas humides dont ils
connaissaient tous les méandres. Les rochers et la terre nue étaient leur quotidien, aussi familiers que les
sols de nos maisons.
Cette expérience physique et intellectuelle passe par un parcours, mais aussi par la rupture avec les
référents de formes usuels, le recours a des formes abstraites et intemporelles pour :
• laisser parler la géographie du lieu à l’extérieur,
• laisser parler l’installation muséographique à l’intérieur.
NOTICE ARCHITECTURALE
Extérieurement, c’est un seuil, un pont jeté au dessus du précipice. Intérieurement, le projet semble
entièrement fait d’une même matière -archaïque et première-, et comme façonné, à partir du sol même
de la colline.
« Mise en abîme » et enveloppe aux reflets changeants
Double peau métallique aux perforations variables, ondulante et douce, presque organique ; l’aspect de
la façade est changeant comme la peau d’un reptile. Plus ou moins vitrée suivant les endroits, fluctuante
suivant la lumière, elle devient inox miroir en sous face, réfléchissant l’image de la grande faille.
Le musée, « porte » d’accès au Parc Préhistorique
Depuis l’autoroute, le musée apparaît comme un volume étrange et intemporel, doucement scintillant,
et « tendu » entre deux collines. Autour, le paysage est restauré, nettoyé des constructions parasites, et
rendu à son identité première de milieu naturel des bords du fleuve. Les parkings disparaissent sous les
arbres, à l’est du site. Le site, replanté, retrouve son écosystème primitif.
Une promenade le long de la faille met en condition le visiteur. Comme les premiers hommes, il progresse
le long du méandre, au milieu des graminées sauvages. La faille se creuse, et avec elle, le suspense de
l’approche … Le musée apparaît, serti dans la colline. Puis, dans sa sous-face en inox miroir, le reflet du
gouffre soudainement dévoilé. Et enfin le gouffre lui- même, qu’il faudra franchir sur une passerelle.
Traversant l’abîme, on accède à l’entrée unique du musée et du « Parc Préhistorique ».
Dans le musée, un circuit en boucle qui se prolonge dans le « Parc Préhistorique » :
En haut de l’escalier, un espace ouvert distribue directement l’accueil, l’accès au musée, à l’exposition, la
cafétéria, la salle de conférence, les activités pédagogiques et le laboratoire multimédia.
Le visiteur circule en boucle autour des espaces événementiels du projet : exposition temporaire et
salle de conférence. De retour à l’espace de distribution, il a la possibilité de retourner à la boutique ou
dans le musée.
Les espaces d’animations pédagogiques et multimédias sont ouverts et les activités peuvent être
observées par les visiteurs, l’encourageant ainsi à participer.
Des espaces imaginés comme des paysages
Les premiers hommes ne vivaient pas dans des « pièces » mais dans des espaces ouverts. Habitants
des bords du fleuve, ils arpentaient librement les méandres du paysage. Des flux sont nés, les chemins
structurant les lieux.
L’intérieur du musé et son parcours scénographique sont conçus à cette image, comme un paysage.
Les flux guident les pas d’un thème à l’autre, les chemins se rejoignent, les parcours libres, les retours
possibles.
Une enveloppe « servante » qui libère l’espace
Les parois, d’épaisseurs variables, intègrent tous les services nécessaires à la vie du bâtiment et à la
muséographie : structure, fluides, ventilation, électricité, équipements audio et éclairage, mais aussi
vitrines muséographiques, réserves pédagogiques, bar, sanitaires publics, et locaux techniques.
Les parois sont continues du sol au plafond. Les réseaux peuvent ainsi se développer, suivant les
nécessités, tout autour du bâtiment.
Lumière et vues sur le paysage
L’enveloppe tamise la lumière comme une résille. La double paroi intègre vitrages et protections solaires
en métal perforé et permet de maîtriser parfaitement les échanges thermiques du bâtiment, en hiver
comme en été.
L’apport de lumière naturelle est réglable à la demande suivant les besoins de mise en scène
scénographique.
Les espaces enchâssés dans la colline sont éclairés naturellement par des « cônes de lumière » zénithale.
Au niveau de la cafétéria et de l’espace central d’accueil, des fenêtres panoramiques s’ouvrent sur le
paysage.