Reconstruction couture d'une résidence sociale pour travailleurs migrants
TOPOLOGIE PARISIENNE « COUTURE »
Ce projet à haute dimension sociale démontre la capacité du parcellaire parisien à évoluer et se transformer, même en site très contraint. Comment réussir une intégration urbaine complexe d’un nouveau bâtiment impliquant une démolition du bâtiment existant, dans le quartier de l’est-parisien de la rue du Retrait où le tissu urbain est éclectique et dense ?
Du point de vue architectural, cette intervention, volontairement «couture», d’insérer délicatement une construction neuve dans ce quartier typique des faubourgs, nous a poussé à réinterpréter le vocabulaire classique parisien : les attiques sont traités en volumes mansardés, l’écriture architecturale est modernisée par un traitement monolithique et une continuité entre façades et toitures, avec le même matériau, le zinc laqué blanc.
Formes et matériaux se combinent en volumes simples et élégants et apportent une contribution active à la perception d’une continuité urbaine harmonieuse, que ce soit avec les façades sur rue ou avec la très visible « skyline » produite par les toitures du quartier.
Indissociable du projet social, le projet architectural se développe tout en transition. Le nouveau bâtiment est fractionné en trois plots rythmés par des aménagements paysagers. La parcelle est ainsi transformée en petite pièce de ville, à échelle intermédiaire et douce, pour que la résidence sociale soit village, lieu de vie et de (re)construction personnelle pour ses habitants, tout en faisant partie intégrante de la vie de quartier.
Long et étroit, le terrain d’assiette est inséré dans un ensemble bâti hétéroclite de forme et d’époques différentes.
La façade sur rue ne révèle ni la profondeur de la parcelle ni son encastrement rectangulaire dans un existant qui ne semble se contraindre à aucune règle d’alignement ou de hauteur.
Le premier enjeu du projet fût la démolition du bâtiment existant, datant de 1896 sans forte valeur patrimoniale. La réhabilitation du bâtiment ne permettait que la réalisation de 70 logements contre 131 avec le projet de reconstruction.
Le projet se compose de trois bâtiments qui, depuis la façade sur rue, s’appuient en peigne le long du mur d’échiffre selon une séquence en dégradé allant du plus haut au plus bas et suivant la déclinaison naturelle du terrain.
Partie intégrante des façades intérieures dans l’îlot, des plantations sur treilles ou câbles inox ont été intégrées en vertical, favorisant le développement de plantes grimpantes et parer ainsi
les façades d’un manteau vert. Ce procédé simple permet une continuité de végétalisation entre sol et façade. Elle permet de créer un manteau vert sans mise en oeuvre complexe et sans entretien couteux. Les deux cours, non accessibles bénéficient d’aménagement paysager avec système de rétention d’eau.
Enfin, de manière évidente, et parce que le quartier a une tradition du street-art bien implantée, nous avons proposé à Jérôme Mesnager, artiste parisien connu pour ses fresques humanistes d’en réaliser une sous le porche d’entrée de la résidence. Cette intervention, vraie plus-value poétique au bâtiment, n’a pu se faire sans une réelle complicité avec l’association de quartier le Ratrait et le maître d’ouvrage.
L’art intégré au projet architectural n’est pas seulement ornemental, ici il crée un lien avec les habitants, le quartier et son histoire. La poésie de l’oeuvre vient nous rappeler combien l’élan de solidarité et le sens du collectif sont des valeurs sociales toujours aussi fondamentales.
INFOS
MOA : ARCADE PROMOTION
Utilisateur : COALLIA
Surface : 3 030 m²
Coût : 8,32 M €HT
Livré en 2017
- Démolition de l’ancienne résidence sociale
- Construction d’un ensemble immobilier de 131 logements de type T1 ou T1’, composé de 3 bâtiments :
- Aménagement paysagé de la parcelle avec prolongement des jardins sur les murs d’échiffre par des treilles métalliques
(Espaces verts et plantés: 349 m²)