Logements Maurice
NOM PROJET / LOGEMENTS MAURICE
PROJET / Habitat participatif sous forme d’autopromotion. Transformation, surélévation et division d’un ancien chai en trois maisons de ville pour trois frères et sœurs
SITUATION / 9,9bis,9ter rue Maurice 33300 Bordeaux
MAITRE D'OUVRAGE / 3 maitres d’ouvrage Privés - 3 frères et sœurs
MAITRE D'OEUVRE / S+M Architectes
SURFACE PLANCHER/ 360m2 (120m2/logement)
LIVRAISON / Novembre 2014
COÛT TRAVAUX/ 800 000€HT
IMAGES / Philippe Caumes Photographe d’architecture - S+M Architectes (chantier)
PROGRAMME;
Habitat participatif sous forme d’autopromotion.
Trois logements individuels pour trois frères et sœurs.
Logement 9 : stationnement compris dans la construction, 2 chambres enfants, une suite parentale qui peut se diviser en deux pièces distinctes plus tard, un espace de vie et un espace extérieur (toit terrasse partagé)
Logement 9ter: stationnement compris dans la construction, 3 espaces de vie distincts (un par niveau) sous forme de colocation avec des espaces partagés au rez-de-chaussée (buanderie) et un espace extérieur (toit terrasse partagé)
Logement 9ter: stationnement compris dans la construction, 2 chambres enfants, une chambre parentale plus généreuse, un espace de vie et un espace extérieur (toit terrasse partagé)
INTRODUCTION :
Dans un contexte où l’habitat et la notion d’habiter changent, comment concevoir des logements qui répondent à des besoins humains, qui puissent être adaptables et donc durables ?
Une des solutions est peut-être d’impliquer les habitants dans un ensemble de processus et d’expérimentations : « L’habitat participatif comme alternative, dans la conception, aux pratiques ordinaires de la promotion privée. »
Le bâtiment d’origine du projet était la maison familiale dans laquelle ont grandi les trois Maîtres d’Ouvrage.
Il s’agissait déjà d’une réappropriation et d’une transformation d’un espace bâti préexistant sous forme de loft aux espaces généreux (450m2 habitable) et au système de construction économique (structure métallique apparente, plancher en panneaux agglomérés, chauffage par air soufflé aux tuyaux galvanisés apparents) mais énergivore (pas d’isolation des murs extérieurs).
A l’époque le luxe c’était l’espace.
Aujourd’hui, le luxe c’est de pouvoir habiter en ville avec une famille, des enfants et une seule voiture, en consommant un minimum d’énergie pour se déplacer, se chauffer et ne pas avoir besoin de rafraichir sa maison.
CONTEXTE :
Le projet se situe dans une rue étroite, perpendiculaire aux quais, dans l’ancien quartier portuaire de négoce du vin Bordelais.
Le quartier est composé d’anciens chais, perpendiculaires aux quais, pouvant s’étendre sur plus de 200m de profondeur pour des parcelles n’excédant pas 8m de largeur.
Les chais qui donnaient exclusivement sur les quais et qui n’étaient pas accessibles par les côtés sont toujours, pour la plupart, des chais à barriques.
A la fin des années 80, les chais qui bordaient les rues perpendiculaires aux quais ont été divisés et transformés en lofts et logements.
Les façades en pierre furent conservées et ravalées et les logements prirent place à l’arrière en s’affranchissant des ouvertures d’origine.
L’assiette du projet correspond à cinq travées d’un ancien chai qui avait déjà été réhabilité en loft à la fin de l’année 80 et qui était la maison familiale des Maitres d’Ouvrage.
Le bâtiment d’origine occupait la totalité de l’assiette foncière, et ne faisait que 8m de profondeur pour 20 mètres linéaires de façade sur rue orientée Sud-Ouest.
L’accessibilité et le stationnement dans cette rue calme bordée de logements était une véritable contrainte (pas de possibilité de retournement pour les camions, pas de stationnement ni de base de vie).
PARTI PRIS ARCHITECTURAL
Comment transformer une maison familiale en trois logements égaux pour abriter deux familles et une grande collocation ?
La division horizontale était exclue car l’ensoleillement de chaque niveau n’aurait pas été équitable au vu de l’étroitesse de la rue.
La division verticale était la seule solution mais avec des parcelles réduites à moins de 60m2, il fallait densifier pour avoir un volume habitable suffisant afin d’accueillir une famille de 4 personnes minimum.
Le prix du terrain ayant considérablement augmenté en centre-ville, l’association des habitants sous forme d’autopromotion était la solution pour réaliser leurs projets.
Au-delà de la valeur intrinsèque du lieu, cette forme de promotion non spéculative a permis de réaliser un projet sur mesure, aux coûts maitrisés.
Cette association de frères et sœur a plusieurs avantages :
- elle permet la mutualisation des coûts et des espaces (foncier, études, construction, aléas…)
- elle favorise l’expérimentation et l’inventivité dans les modes d’habiter
- elle rend le choix de construction alternatif possible
- elle permet une réflexion collective sur la durabilité et la qualité des logements
- elle apporte une réelle valeur ajoutée à chaque logement par la qualité de leur intégration
La multiplicité de la maîtrise d’ouvrage ajoute de la richesse au projet plus que de la complexité car elle pousse jusque dans ses retranchements les limites d’adaptabilité du projet.
En effet, l’économie du projet passe par la standardisation des espaces, des façades. Le programme n’étant pas le même pour chaque logement, il a fallu simplifier le dessin afin que chacun puisse aménager son espace comme il veut, comme il le voudra plus tard.
Bien qu’il s’agisse de trois logements indépendants (trois permis de construire différents) l’ensemble a été pensé comme un tout :
- un dessin de façade sur rue unique
- un toit terrasse partagé, traité comme une cinquième façade du projet
Les contraintes réglementaires et les exigences de la Maîtrise d’Ouvrage ont été respectées :
- Réalisation de trois logements identiques en termes de surface et d’ensoleillement
- un principe constructif alternatif privilégiant la filière courte avec un impact carbone réduit: des murs et des planchers en contreplaqué bois (CLT) insérés derrière les murs d’origine
- une intégration du projet réussi grâce à la conservation et la réinterprétation de la façade
- une espace extérieur qualitatif, facilement accessible en réponse aux besoins des habitants d’avoir un « jardin ».
PROJET :
Une division horizontale du volume initial n’ayant pas permis une équité d’ensoleillement à chaque niveau, seule une division verticale permettait la faisabilité du projet.
Ainsi la parcelle d’origine fut divisée foncièrement en trois assiettes d’environ 55m2.
L’enceinte d’un bâtiment, entouré de constructions mitoyennes sur trois côtés, fut conservée et l’ensemble fut surélevé d’un étage afin d’avoir une surface habitable suffisante pour abriter au moins 3 chambres par logement.
L'enveloppe extérieure des logements a été traitée comme un ensemble architectural, les limites de propriétés ne sont pas distinctes bien que chaque maison soit indépendante.
Afin d’insérer le projet dans son environnement et de respecter les lignes horizontales de la rue, la façade d’origine fut ravalée et réinterprétée :
Les ouvertures d’origines furent élargies et de nouvelles furent créer afin de créer un nouveau rythme dans la continuité de celui d’origine qu’on retrouve sur les façade voisines.
La surélévation est habillée par une façade en béton préfabriqué blanc rapportée par-dessus la façade en pierre redécoupée, on peut lire dans son dessin le rythme des ouvertures d’origine ainsi que la corniche qui a été redessinée.
Le principe de deuxième façade en retrait de la première conservée, fut appliqué pour le premier et le deuxième étage, le troisième étage quant à lui s’avance jusqu’à la rue.
En réponse à la contrainte d’un très petit terrain, un soin particulier a été apporté au traitement du toit terrasse afin qu’il soit facilement accessible depuis l’espace de vie de chaque maison comme un jardin pourrait l’être.
Le toit est traité comme un ensemble et bien que les terrasses accessibles soient individualisées par des pare-vues, la terrasse en bois se prolonge au-delà des limites et des surfaces accessibles.
Les accès au toit sont semblables à des cambuses de péniches dont le toit se lève grâce à des vérins.
Deux arbres de taille adulte sont prévus dans le calcul de la structure du plancher, afin de pouvoir avoir un « jardin sur le toit. ».
Au niveau de la répartition des espaces dans chaque logement, l’espace de vie se retrouve naturellement au troisième étage afin de bénéficier du meilleur ensoleillement et les chambres aux premiers et deuxièmes niveaux. Au rez-de-chaussée on trouve le garage et la buanderie.
Chaque niveau correspond ainsi à une fonction, la circulation de l’un à l’autre est aisée grâce à un escalier sculptural qui assure la circulation verticale de chaque logement.
Seuls les intérieurs diffèrent selon les envies et les besoins de chaque Maitre d’Ouvrage :
- 2 des 3 logements sont des maisons familiales en quadruplex (RDC garage / R+1 chambre parents / R+2 chambres enfants / R+3 salon - salle à manger – cuisine /R+4 Toit terrasse accessible)
- le logement du milieu a été aménagé en 3 studios en colocation (un par étage) avec une buanderie et un garage partagé en rez-de-chaussée.
D’un point de vue constructif, le contexte (la largeur de la rue, le voisinage très proche, et l’impossibilité d’installer une base de vie), la volonté des maître d’ouvrage à trouver des solutions constructives alternatives (filière sèche), et la nécessité économique de réduire le temps du chantier (loyers à payer) ont conditionné le choix du principe constructif : des murs et des planchers en contreplaqué bois (CLT) insérés à l’intérieur de l’enceinte d’origine, à l’aide d’une grue.
D’un point de vue économique cette solution s’est avérée être la plus intéressante car elle réduisait de 4 mois le temps de gros œuvre (comparé à une construction traditionnelle en maçonnerie) et permettait des économies de second œuvre puisque les panneaux bois pouvaient être laissés apparents.