ANNE-FRANCOISE JUMEAU
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Depuis plus de deux décennies maintenant, Anne-Françoise Jumeau Architectes a pris le parti de ce mode opératoire : faire ensemble. Membre fondateur de Périphériques, c’est là que seront initialement posés les fondements de cette attitude toujours pleinement à l’œuvre dans l’agence.
Question de méthode tout d’abord, laquelle est fondée sur une réflexion collective favorisant la convergence des connaissances, des savoir-faire, des expériences. Cette approche collégiale ouvre en toute logique à des collaborations épisodiques ou récurrentes avec d’autres architectes mais aussi, ponctuellement, à la contribution de graphistes ou de plasticiens sur certains projets spécifiques. Le travail de l’agence se distingue toujours aujourd’hui par cet attachement singulier à la transversalité, dont résulte une capacité reconnue à conduire des projets : à orchestrer différentes pensées, à fédérer et coordonner des intentions, des tonalités – fussent-elles contrastées – pour en faire émerger un dess(e)in directif commun.
Une attitude anti-ego qui condense la philosophie de l’agence, en droite ligne des années Périphériques : ici, c’est avant tout du dialogue que procède le geste architectural. Part belle est faite aux échanges, parce que la convergence des sensibilités et des approches permet d’interroger les automatismes. Ouvrir le champ des possibles à l’inattendu, et ainsi dépasser les pensées d’écoles qui brident parfois l’invention. Envisager la pratique architecturale hors des sentiers battus, et pour ce faire revenir à ce fondamental de l’architecture qu’est l’appareillage – la réunion d’éléments a priori hétérogènes en une somme cohérente. Par l’assemblage, le mixage, et sans règles du jeu préétablies, Anne-Françoise Jumeau Architectes s’emploie ainsi à déborder les solutions formelles préconçues et les esthétiques éprouvées. Pour visée : ne pas appliquer ni dupliquer, mais provoquer de l’architecture.
Cette éthique d’un travail commun, interdisciplinaire, imprime visiblement les choix architecturaux de l’agence. Jamais conçu ex nihilo, le bâtiment provient d’un contexte. L’implantation d’un projet, le dessin d’une façade tire toujours son origine de l’environnement architectural et paysager, comme du cadre historique ou de la situation économique, sociale dans lesquels il va s’inscrire. C’est une architecture qui s’attache à considérer les articulations possibles au tissu urbain afin d’y prendre place avec justesse – c’est-à-dire aussi de venir l’aiguillonner. Chaque ouvrage est pensé comme une « micro-urbanité » : à l’image de ce qu’est la ville, un agrégat d’objets qui se complémentent en s’attisant les uns les autres. Ce langage architectural très libre, haut en couleur, produit des lieux qui interagissent avec l’espace public pour mieux en « réfléchir » la pluralité.
Anne-Françoise Jumeau architecte s’attache à concevoir et réaliser des bâtiments qui, participant d’un contexte, demeurent pourtant lisibles et autonomes. Ce processus de différenciation de la matière, la recherche d’une tonalité singulière pour chaque projet garantissent une architecture vivante et affirmée dont l’identité visuelle, jamais gratuite, participe pleinement de l’usage.
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BIOPOLE, espace d'entreprises scientifiques à Rennes ( 35 )
Le parti que nous avons retenu autant dans l’implantation urbaine que dans l’expression architecturale, consiste en un vaste quadrilatère autour d’une cour intérieure, formant un atrium. Le besoin ambivalent de créer un programme préservant l'activité confidentielle des entreprises et une bonne isolation des façades conduit à produire une architecture « fortifiée », ce qui est peu compatible avec le souhait d’une convivialité propice au travail. Nous avons contourné l’obstacle en proposant d’organiser le programme autour d’un atrium en partie végétalisé situé au R+1. Bien orienté, cet espace est à la fois le lieu d'accès, de détente et d’ouverture du projet sur les espaces d’accueil. Un vaste escalier en partie végétalisé le relie au niveau RDC et au parking. Ce patio est l’espace identitaire de référence du projet. A l'extérieur, la façade est revêtue d’une enceinte architecturale protectrice et filtrante. Des montants sinusoïdaux forment une peau sensible, épaisse et brise-soleil. La superposition de la trame de lames sinusoïdales en décalage avec celle des montants verticaux des coursives fabrique un effet de moirage dynamique. Le BIOPOLE comprend deux étages nobles et une terrasse technique sur un socle en retrait, organisés autour de l'atrium paysager central. L'aménagement intérieur proposé est totalement flexible et rationnel. Le bâtiment est tramé selon un pas de 1.55m. Cette trame dimensionnelle détermine l'implantation des structures, le dessin des façades, le cloisonnement, etc... Le projet se doit d'être parfaitement rationnel. Cette organisation permet une flexibilité totale de l'aménagement intérieur au service de ces jeunes entreprises en phase de création.
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