Construction d'une école primaire et enfantine de 10 classes à Neirivue
UNE APPROCHE SENSORIELLE
PAYSAGE ALPIN
Le projet d’école primaire et enfantine de Neirivue s’inscrit au cœur d’un paysage naturel imposant, entre la géométrie anguleuse des sommets et les courbes délicates de la vallée agraire. Sa volumétrie se découvre aux entrées du village, compacte. La ligne de sa toiture, légèrement inclinée, s’inscrit dans la topographie du lieu. Son emplacement est étudié pour dégager les vues sur le village et notamment l’église, afin d’établir une balance des masses dans le champ visuel. L’implantation prévue de l’extension continue ce principe de coulisse et d’inflexions.
INSERTION
Le paysage végétal de la vallée est marqué par une trame bocagère, réseau parcourant la vallée jusqu’aux coteaux boisés et reliant toute une mosaïque de milieux. Le projet propose de s’inscrire dans cette écologie du lieu, traitant les marges de manière délicates par un ensemble de noues permettant la maîtrise de l’écoulement des eaux et la présence sur site d’un écosystème varié et riche. Ce travail de lisière, notamment au niveau des murs d’enceinte du cimetière et de l’église, permet d’apaiser les rapports de clôture tout en valorisant les programmes déjà présents.
Entre une série d’objet aux géométries autonomes se dessine alors une surface plane qui fabrique un premier registre et articule, fédère les nouveaux usages et flux du village. Le dessin du sol et sa matérialité (parquet de grès, mélange terre-pierre et strate basse) amène le paysage du coteau au cœur du village.
Un deuxième registre, un resserrement du motif de sol, tend à aller chercher ou fabriquer des accroches au site élargi : les pâturages, la gare, l’auberge. L’aménagement des lieux urbains est simple et sobre, tout en prenant soin de faire écho à la richesse floristique et à la rusticité du paysage environnant. Conçu en premier lieu pour répondre aux besoins et au confort de l’usager à l’échelle humaine, il permet un usage libre et partagé de l’espace public.
PATRIMOINE CONSTRUCTIF
L’usage total du bois comme élément structurel et de parement inscrit l’édifice dans une démarche de valorisation du savoir-faire régional. La façade, sans imitation, reprend à son compte des principes séculaires du savoir constructif local : un sous-bassement minéral résistant et un corps d’édifice en bois, propice à un travail ornemental. L’ornement souligne l’articulation des différentes parties, comme les éléments structurels verticaux et horizontaux avec l’encadrement des ouvertures. Le traitement en dégradé des éléments dans l’épaisseur de la façade donne lieu à un jeu d’ombre par le pli, variant la figure de l’édifice au gré du mouvement du soleil.
UNE APPROCHE PRATIQUE
ACCES
L’école se positionne « en damier » du tissu existant : elle articule deux vides sur ses côtés – la place villageoise et un espace de jeu délimité – avec deux pleins – l’église et la salle de sport. Le plan de rez-de-chaussée s’adapte à la topographie du lieu tout en garantissant un accès pour les personnes à mobilité réduite. Ce rez-de-chaussée est traversant, et s’adresse aux deux faces de la parcelle. L’accès des voitures et des bus scolaires se fait par la route de Crédzillon, tandis que l’accès piéton se fait par la place villageoise. Le chemin du passage arc-en-ciel à l’entrée de l’école est aménagé et sécurisé par un signalement au sol, discret dans le paysage et signifiant pour les conducteurs.
ESPACE PUBLIC ET EDIFICE VILLAGEOIS
L’édifice s’adresse pleinement sur la place villageoise par un préau couvert, dessiné dans la continuité de l’espace public. Il peut aussi bien servir à l’école qu’aux manifestations publiques. La place concentre les activités sociales du programme et du village : ainsi, elle s’adresse sur l’accueil extra-scolaire polyvalent, et peut servir d’espace de jeu pour les enfants. Le sol recouvert de parquet de grès s’insère dans la trame matérielle du village et garantit une sécurité d’utilisation par les enfants. L’aménagement des lieux urbains est simple et sobre, tout en prenant soin de faire écho à la richesse floristique et à la rusticité du paysage environnant. Il privilégie des modes d’aménagements courants selon des régimes « extensifs » (faible prix unitaire), mais à identifier des zones limitées d’intensité urbaine où l’espace public sera davantage sollicité et où l’investissement sera plus important. Conçu en premier lieu pour répondre aux besoins et au confort de l’usager à l’échelle humaine, il permet un usage libre et partagé de l’espace public.
CONFORT D’APPRENTISSAGE
Les espaces communs de l’école sont généreux et orientés selon l’accès et le paysage. La stratification verticale est simple, afin d’obtenir un volume le plus compacte possible pour le confort qu’il offre. Au rez-de-chaussée, l’espace est traversant. Aux étages, l’espace est orienté sur trois branches : au sud vers les champs, à l’est vers l’autre versant de la montagne, au nord vers le village. Cet espace plus large est propice à l’appropriation par les enfants. D’un point de vue matériel, les éléments structurels visibles dialoguent avec les éléments de partitions, différenciés en nuance par le travail de la surface du bois. Au dernier étage, le volume de la toiture se révèle comme enveloppant, déformation géométrie du plancher à caisson. L’inflexion des lignes accentue l’effet de perspective.
Les classes sont étudiées au plus près de leur rôle fonctionnel : les accès en sont aisés, l’épaisseur de leur périphérie accueille les rangements nécessaires, les façades sont largement ouvertes sur le paysage, la lumière est mesurée pour un confort d’apprentissage. Toutes les classes sont orientées à l’est, au nord ou à l’ouest pour une maîtrise thermique de l’espace d’étude. Dans la trame régulière du projet, chacune trouve sa spécificité dans son orientation et sa volumétrie.
La conception architecturale de l’école est à l’image de sa fonction : claire dans son principe, didactique, logique et accueillante.
PRINCIPE STRUCTUREL
Le projet est conçu à partir de sa structure et de l’articulation logique de ses éléments. Un sousbassement en béton ancre l’édifice dans le sol ; La structure porteuse est composée de poteaux en bois de 20x60cm, avec une entre-axe de 420cm. Leur forme confère un sens et une épaisseur au projet. Ils sont joints aux planchers à l’intersections des poutres délimitant des caissons de 210 cm d’entre-axe. La toiture se pose sur une structure à caisson déformée géométriquement pour en suivre l’inclinaison. Sur l’axe des poutres sont disposées les panneaux de partitions, et dans l’épaisseur des doubles poutres se logent les rangements nécessaires. En façade, les axes verticaux et horizontaux sont soulignés par des éléments fins en bois. Un module de fenêtre régulier logé dans l’entre-axe des poteaux donne à l’édifice son calme et sa stabilité ; le travail de l’encadrement permet de s’adapter aux angles et d’y loger des éléments fonctionnels tels les stores ou la gouttière, leur discrétion se faisant au bénéfice du projet. Ainsi, chaque élément du projet se loge dans une trame conceptuelle logique ; chaque élément a sa fonction, donc sa forme, conférant au projet son unité et sa clarté.